Infographie : Désintox – la création d’emploi sous Michel I

Michel I n’aurait créé que 70.906 emplois sur deux ans (1). Le conditionnel est de rigueur.

Aucune certitude, ni mesure phare évidente, quant à l’influence de ce gouvernement sur la création d’emploi. L’habituel « effet d’aubaine » des réductions de cotisation sociale ciblée à la #sécu joue à plein régime.

(1) Les chiffres sont du 3e trimestre 2016 (tant ONEM qu’ONSS), car les derniers chiffres publiés et analysés par l’ONSS s’arrêtent là (au moment de publier ce 5 mars 2017).

Créer des emplois salariés (ne parlons même pas de fonctionnaires, le #begov nous fera une massive attaque), ce n’est pas le coeur de son projet gouvernemental, bien au contraire. Et pour la droite, seul l’indépendant est un héros, donc il s’agit de pousser ces larves de salariés devenus chômeurs vers le statut de héros national: indépendant, même si les risques sont grands, et qu’une part grandissante finit très pauvre en travaillant voire fait faillite et échoue même au CPAS.

La dérégulation du droit social est plus dans le viseur de ce #begov avec la loi Peeters. Elle envisage des travailleurs taillables et corvéables à merci, plus flexibles mais pas à des salaires mirobolants de 4800 euros nets par mois (c’est le minimum pour avoir des gens compétents selon Louis Michel). En effet, la dévaluation du salaire est le coeur de cible de l’action gouvernementale. Le salaire car dans le salaire brut, il y a la part dite de cotisation patronale à la sécurité sociale et donc l’attaque rangée contre la sécurité sociale l’occupe bien plus que l’emploi.

Dézinguer la protection des travailleurs quand il n’y a pas d’emploi, c’est vraiment bien plus important que de faciliter la création d’emplois salariés pour ce #begov. Il reste opposé à la réduction du temps de travail qui reste, à ce jour, la seule solution pragmatique et réalisable pour éradiquer le chômage de masse.

Au contraire, il veut que ceux qui travaillent déjà, travaillent encore plus d’heures, même « volontairement » en heure sup. ultra-flexibilisés.  C’est à nouveau totalement inepte car vu la main-d’oeuvre disponible, pourquoi concentrer tout le travail entre quelques mains qui s’épuiseront plus vite alors qu’on pourrait le répartir sur plus de travailleurs avec des horaires plus compatibles avec les contraintes imposées par le fait d’avoir des enfants en âge scolaire ou des garderies aux horaires inadaptés à la sur-exploitation?

Bref, on voit ici ce qu’on peut qualifier d’une très maigre création d’emploi, en regard des plus de 600.000 chômeurs du pays et surtout des sacrifices opérés (saut d’index, etc.) pour retrouver la sacro-sainte compétitivité, prétendument créatrice d’emploi.

Les flux de création – destruction d’emplois

Une dynamique des flux que les statisticiens préfèrent étudier désormais, est bien plus intéressante que le simple cliché à un moment donné des offres d’emplois et des demandeurs d’emploi, surtout depuis qu’on diminue drastiquement le comptage de la demande réelle.

Et ne compter que les offres d’emploi dans leur globalité d’un côté comme le font les Actiris et Forem, sans tenir compte de leur pérennité, ça ne donne pas la bonne mesure, celle utile pour comprendre pourquoi son fils ou sa fille n’a jamais de contrat de longue durée. En effet, un job de trois jours en intérim ça n’aide pas franchement le chômeur à s’en sortir dans la durée. Ni le même job de trois jours tous les deux mois, au hasard, ça gonfle les statistiques d’offres d’emploi mais ça ne résoudra pas la question du chômage pour le chômeur à long terme. Sans oublier qu’une fois qu’on compte plus de 2 ans de chômage (la majorité des chômeurs francophones) on n’en sort plus, du chômage, car les recruteurs considèrent qu’on ne vaut plus rien si on reste sur le carreau si longtemps, toutes ces formations, tout ce qu’on a appris, à la poubelle avec nous. Donc il faut à tout prix rester dans le circuit du travail précaire pour continuer … à grapiller du travail précaire. Contempler un CDI est désormais de l’ordre du mirage, un CDI ne veut rien dire de nos jours, on le perd aussi facilement et on a l’inconvénient d’y avoir cru et d’avoir fait des projets à plus long terme ce qu’on fait bien moins si on sait qu’on vit de contrat en contrat.

En fait, la généralisation de la précarité des nouveaux emplois crée une énorme disparité de vie entre les travailleurs. L’insécurité d’existence qui menace la vie ordinaire du chômeur, ballotté entre intérim, CDD, emplois de merde, mal payés, sans avenir et chômage avec menace de sanctions et d’exclusion a finit par percuter en « haut lieu ». Le précariat conduirait à notre « radicalisation », selon le chroniqueur économique Amid Faljaoui (chronique publiée dans le Vif comme sur la RTBF le 1er mars 2017) qui s’inquiète du vote d’extrême-droite en France.

Et la précarité nous pousserait dans les bras des partis extrémistes (une façon polie de ne pas citer le PTB évidemment puisque c’est lui qui a le vent en poupe vu les scandales de corruption qui ravagent les parlements où les partis « non extrémistes » du nord comme du sud sont mouillés). Parce que ce que nous fait subir le #begov, ça n’a rien d’extrémiste du tout of course!

Aux armes, etc.

Corine Barella

Musique conseillée: « Working class hero », John Lennon (1970)

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